L’histoire des crécelles dans le Steinhart
Dans le Steinhart, et en Moselle-Est, le Grundonnerstag (Jeudi Saint) est une journée riche en traditions religieuses et culturelles.
Le terme Grundonnerstag dérive de l'ancien allemand Grienen, signifiant "pleurer" ou "se lamenter", symbolisant la souffrance du Christ lors de la Cène, son dernier repas avec les apôtres avant son arrestation au Mont des Oliviers.
Lors de l'office du Jeudi Saint, les cloches des églises cessent de sonner, une tradition selon laquelle elles "partent à Rome". Pour pallier leur silence, les servants de messe utilisent des crécelles, instruments en bois produisant un bruit sec et répétitif. Cette coutume remonte au Moyen Âge et est toujours vivante dans plusieurs villages du Steinhart et de Moselle-Est.
Du Jeudi Saint au Samedi Saint, des groupes d'enfants, appelés "crécelleurs", parcourent les rues de leur village trois fois par jour, agitant leurs crécelles pour annoncer les offices religieux et l'Angélus. Chaque village possède ses propres chants en Lothringer Platt, le dialecte rhénan.
Les enfants chantent :
"Rutsche, rutsche Hase,
Der wu nitt rutsche kann soll lafe,
Der wu nitt lafe kann soll ritte,
Der wu nitt ritte kann soll dehem bliewe,
Nacht Clock!"
Ce chant, traduit approximativement, signifie : "Glisse, glisse lièvre, Celui qui ne peut glisser doit courir, Celui qui ne peut courir doit chevaucher, Celui qui ne peut chevaucher doit rester à la maison, Cloches du soir!".
Le Samedi Saint, ces enfants passent de maison en maison pour collecter des friandises, des œufs ou des pièces de monnaie, en remerciement de leur service.
Cette tradition, bien que moins répandue aujourd'hui, reste un témoignage vivant du patrimoine culturel du Steinhart et plus largement de la Moselle-Est.