Les villages et hameaux disparus du Steinhart

Le Steinhart est un territoire Est-Mosellan marqué par une histoire locale dense, où de nombreux villages et hameaux ont disparu au fil du temps, rayés de la carte, souvent à cause des guerres ou de l’évolution du paysage rural.

L’association Steinhart Terre d’Origines souhaite faire connaître leur histoire, préserver leur mémoire et reconnecter les habitants à ce patrimoine essentiel.

Au fil des siècles, le territoire du Steinhart a vu disparaître une partie de son maillage rural. Éparpillés dans la campagne, certains villages et hameaux ont peu à peu cessé d’exister. Ces lieux, aujourd’hui absents des cartes, faisaient pourtant partie intégrante du paysage humain et social de la région.

Des localités comme Bedweiller, Bilsting ou Hessling ont été anéanties pendant la guerre de Trente Ans, tandis que d’autres, comme Betting ou Dietling, ont été absorbées par les communes voisines au fil des réorganisations territoriales. Il ne reste parfois que quelques traces : un nom de lieu, une ruine, un souvenir dans les archives.

Ce travail propose de faire émerger ces villages oubliés, de situer ce qui peut encore l’être, et de s’interroger sur les raisons de leur disparition. Redonner une visibilité à ces lieux, c’est aussi prolonger la mémoire d’un territoire dont l’identité s’est construite au fil de ses transformations, visibles ou non.

Bedweiller

Localité près de Kerbach probablement détruite durant la guerre de trente ans.

Betting

Le village est cité dès le XIIIe siècle sous le nom de Bettinga en 1278.

L’abbé Touba parle de ce village qui avait son propre ban dont les noms de lieux-dits subsistent encore sur le plan cadastral : chemin de Betting, ruisseau de Betting, jardins de Betting, hauteurs de Betting… Le bourg avait disparu bien avant la guerre de Trente Ans. Incendie ou épidémie, aucune explication ne nous est parvenue.

Son ban a été réparti en 1720 par la seigneurie de Forbach entre les habitants de Behren-lès-Forbach et de Kerbach.

Bilsting

Ancien village de la seigneurie de Forbach près de Kerbach, détruit pendant la guerre de trente ans.
En 1709 le ban seigneurial est cédé contre une redevance annuelle aux habitants d’Etzling.

Dietling

Etait un petit hameau à part ne comportant qu'une ferme, une chapelle et un moulin situé entre Gaubiving et Bousbach.

Le village est cité comme Dittelingen en 1577, Dietlingen en 1618, Dehling, et déclaré détruit en 1684. Il appartenait à la seigneurie de Forbach, à l’époque rattachée à l’Empire et intégrée à la Lorraine.

Après sa disparition, seules subsistent une ferme appelée Dillinger-Hof (Dillingerhoff) et un moulin appelé Dillinger-Mühle (Dillingermühle).

Un ouvrage du Dictionnaire topographique de la Moselle (1868) mentionne ces annexes comme relevant de la paroisse de Bousbach.

Au XIIIe siècle, il existait sur le site une grange agricole et les ruines d’une chapelle, attestant d’un habitat plus ancien, vraisemblablement intégré à un domaine rural ou religieux (grange monastique ?).

Eschweiler

Hameau disparu, écart de Hundling.

Guirling

Le village de Guirling, également connu sous les noms de Guirlingen ou Girlingen, était situé à proximité de Théding.

Guirling relevait de la vouerie épiscopale de Saint-Avold, et appartenait au bailliage de Sarreguemines, tout comme les villages voisins. En 1365, il faisait donc administrativement partie de la structure de l’évêché de Metz, intégré dans les dépendances du duché de Lorraine.

Théding mentionne explicitement la destruction totale du village de Guirlingen (ou Guirling) pendant la guerre de Trente Ans. Dès le XVIIe siècle, en 1663, le ban de Guirling fut vendu en parcelles aux habitants de Théding “Théding a bénéficié de la destruction totale du village voisin de Guirling, dont les terres ont été vendues en 1663 aux habitants de Théding après les ravages de la guerre de Trente Ans.”, permettant ainsi l'extension de cette dernière.

Hessling

Le nom de Hessling apparaît dès 1271 sous la forme de Heiselingen et est mentionné dans les archives de l'abbaye de Wadgassen.
En 1632, le village est détruit lors de la guerre de Trente Ans. Seule l'église est reconstruite après la guerre.
Avant la Seconde Guerre mondiale, l'église et le presbytère d'Alsting se trouvaient à l'emplacement de l'ancien village de Hessling. Ces bâtiments ont été détruits pendant le conflit.

“Jusqu'à la Guerre de Trente Ans (1618-1648), le petit hameau actuel Hessling était un village important de la seigneurie de Forbach, le centre d'une paroisse qui comprenait les villages de Hesseling, d'Alsting, de Zinzing et d'une partie de Spicheren appelée Ruchlingen. Le village de Hessling fut détruit pendant la guerre de Trente Ans (1632). Seule l'église fut reconstruite, près de laquelle s'élevèrent plus tard les écoles. Alsting prit peu à peu la fonction de village principal dont Hessling et Zinzing restèrent dépendants. La collégiale de Sankt Arnual y possédait des terres. Après sa suppression (1569), elles furent confisquées par le comte de Nassau-Sarrebrück. Par les traités de 1766 et de 1768, son successeur les cédait à la France qui venait d'acquérir le duché de Lorraine en 1766. Depuis 1790, Alsting est une commune autonome du canton de Forbach.”

En 1700, le ban (territoire) de Hessling est vendu à la commune de Hundling. Ce ban était une unité administrative et foncière.

Hettling

Commune de Nousseviller-Saint-Nabor situé entre Rouhling et Cadenbronn, déjà mentionné en 1558 comme désert.

Ruchling

Ecart de Spicheren mentionné comme hameau en 1577, comme village en 1618, comme désert en 1684 disparu pendant la guerre de trente ans.

Ruchling ou Ruchlingen, faisait partie d'Alsting puis de Spicheren après la suppression de la collégiale de Saint-Arnoual en 1569, fut abandonné après la guerre de Trente Ans. Il appartient aujourd’hui au cadastre de Spicheren ; ce hameau formait autrefois un “T”, situé entre les lieux-dits Ruchlingen et Lethfeld*, en venant d’Alsting.

*Lethfeld (ou Lettfeld) était historiquement une carrière d’argile à l’entrée d’Alsting.

Pourquoi dit-on “un ban” pour désigner un territoire dans la région ?

Dans le Steinhart, et plus largement dans la Moselle Germanophone, le mot “ban” est couramment utilisé pour désigner un territoire : celui d’un village, d’un quartier ou d’un espace naturel bien délimité. Ce mot vient de l’allemand “der Bann”, qui signifiait un territoire placé sous l’autorité d’un seigneur ou d’une juridiction. Avec les nombreux changements de nationalité et de domination qu’a connus la région, le terme s’est francisé, devenant “ban”, tout en gardant son sens originel.

Cette spécificité linguistique est unique à la Moselle germanophone et constitue un élément fort de l’identité régionale. Le mot “ban” raconte à lui seul une partie de l’histoire territoriale du Steinhart.

C’est un exemple de la manière dont l’histoire linguistique et les mémoires frontalières ont façonné notre vocabulaire local.

La carte ci-contre a pour objectif de localiser, au mieux des connaissances actuelles, les villages et hameaux aujourd’hui disparus du territoire du Steinhart.

Elle s’appuie sur les sources historiques disponibles, les recherches archivistiques, la majorité des localisations restent approximatives, mais elles permettent malgré tout de visualiser l’implantation passée de ces lieux et de mieux comprendre leur ancrage dans le paysage rural de l’époque.