
Les forêts du Steinhart
Biodiversité forestière : l’équilibre vital de nos écosystèmes
La biodiversité en forêt englobe l'ensemble des êtres vivants qui composent l'écosystème forestier, incluant les plantes, les animaux, les champignons, les bactéries, ainsi que leurs interactions. Cette biodiversité se manifeste à plusieurs niveaux :
Diversité génétique : Variabilité des gènes au sein d'une même espèce, essentielle pour l'adaptation et la survie face aux changements environnementaux.
Diversité spécifique : Variété des espèces présentes dans la forêt, contribuant à la richesse de l'écosystème.
Diversité écosystémique : Différents habitats et communautés écologiques formant la forêt.
Les forêts jouent un rôle crucial en abritant environ 80 % de la biodiversité terrestre mondiale. Elles fournissent des services écosystémiques essentiels tels que la régulation du climat, la purification de l'eau et la protection des sols.
La surface des forêts dans le Steinhart
Surface des forêts domaniales et communales gérées par l’ONF du Steinhart représentent 20,2 km (2020 hectares) soit 18,9 % du territoire.
La surface des forêts domaniales et communales reste stable depuis environ un siècle.
Tandis que la surface forestière totale continue d’augmenter progressivement, notamment en raison de la transformation naturelle des friches en forêts.
La superficie des forêts du Steinhart
Comprendre les forêts avec Jamy
Les forêts constituent le poumon vert de notre écosystème et pourtant, elles sont menacées. Quels dangers les guettent ? Qu'est-il possible de faire ?
Jamy s’est rendu dans la forêt de Dambach, dans les Vosges, pour mieux comprendre les enjeux actuels et les solutions possibles pour préserver la biodiversité en France et ailleurs.
L'occasion parfaite pour comprendre le fonctionnement d'une forêt, son utilité et toute la vie qui s'y cache !
Avec un cadre pareil, préparez vous à une magnifique balade pleine de végétation, de beaux paysages et surtout de savoirs.
La crise des scolytes s’accélère partout en France
Un article de l'Office National des Forêts (ONF) décrit la progression inquiétante de l'épidémie de scolytes, notamment du typographe (scolyte) un insecte ravageur de l'épicéa. Initialement limitée à la région Grand Est, cette épidémie s'étend désormais à d'autres régions françaises, affectant gravement les forêts d'épicéas.
En 2020, dans le Grand Est, environ 3,3 millions de mètres cubes de bois ont été déclassés en raison des attaques de scolytes, dont 1,8 million de mètres cubes d’épicéas, représentant environ deux tiers des volumes de bois dépérissant récoltés. Cette situation a des répercussions économiques significatives sur la filière bois, avec une chute des prix et une saturation du marché.
Pour lutter contre cette crise, l'ONF a mis en place plusieurs mesures :
Établir un état des lieux précis : En collaboration avec le ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation, des collectivités locales et des acteurs du monde forestier, l'ONF réalise des cartographies des populations de scolytes en utilisant l'imagerie satellite.
Détection précoce : Les forestiers sont formés pour repérer les signes d'infestation, tels que des dépôts de sciure sur le tronc et au pied des arbres. Une fois un arbre infesté identifié, il est rapidement abattu et évacué pour éviter la propagation.
Piégeage aux phéromones : Des pièges à phéromones sont installés pour attirer et capturer les scolytes femelles, permettant de suivre la dynamique des insectes et d'adapter les stratégies de lutte.
Coupes sanitaires : Des opérations exceptionnelles de coupes et de travaux sont réalisées pour enlever rapidement les bois infestés, limitant ainsi l'expansion de l'épidémie.
Les experts s'accordent sur le fait que le remplacement des épicéas par des peuplements plus diversifiés et résistants aux maladies et au changement climatique est essentiel pour assurer la pérennité des forêts françaises.
Le massif forestier d’Ermerich Brandenbusch
Située géographiquement sur le Steinhart : entre les hauteurs de Grosbliederstroff, Lixing-lès-Rouhling, Kerbach, Etzling, Alsting et Spicheren, ce massif forestier est sans doute le plus important de toute la région du Steinhart.
Contexte forestier
La forêt communale de Grosbliederstroff (Moselle), partiellement située sur le Steinhart, s’étend sur une surface de 516 ha. Elle est formée de trois massifs principaux, disposés du Sud au Nord entre le Golf de Sarreguemines et la frontière avec l’Allemagne.
Située à l’étage collinéen (plateau), elle est sise pour sa plus grande partie (cantons les plus au Sud), sur la région I.F.N. du Plateau lorrain dont les pentes les plus fortes se retrouvent sur Muschelkalk (roche calcaire) ; les sols rencontrés sont riches en limons et argiles. Le massif Nord est quant à lui situé sur la région I.F.N. du Warndt, les sols sont à dominante sableuse (grés, alluvions).
Les peuplements rencontrés sont composés essentiellement d’essences feuillues autochtones (chênes, hêtre, frêne et feuillus divers).
Le rajeunissement après-guerre d’une partie de la forêt a été assez brutal (coupes rases de grande surface), conduisant à un renouvellement rapide de la hêtraie (environ 125 ha). Ces peuplements, à dominante bois moyens, sortent d’une période de sylviculture de rattrapage dynamique (enlèvement des nombreuses tiges mal conformées au profit du mélange d’essences) et sont caractérisés par une proportion de feuillus précieux importante.
Le déséquilibre forêt-gibier sur la forêt est exceptionnel et l’abroutissement est généralisé sur le chêne. En conséquence, la non-acquisition du semis de chêne a entraîné, dans les peuplements les plus âgés de l’ancien groupe de régénération, un ralentissement des récoltes et une augmentation des investissements du propriétaires en protections contre le gibier (installation de lattis et d’un engrillagement).
Fonction écologique
Cette forêt est concernée en partie par une ZNIEFF de Type 1 (212 ha), mise en place au profit des milieux favorables à l’habitats de chiroptères forestiers.
ZNIEFF de Type 1 : espaces homogènes écologiquement, définis par la présence d'espèces, d'associations d'espèces ou d'habitats rares, remarquables ou caractéristiques du patrimoine naturel régional. Ce sont les zones les plus remarquables du territoire ;
ZNIEFF de Type II : espaces qui intègrent des ensembles naturels fonctionnels et paysagers, possédant une cohésion élevée et plus riches que les milieux alentours.
Une trame d’arbres à vocation biologique sera mise en évidence dans les peuplements et les mesures favorables à la biodiversité courante seront également mises en oeuvre. A l’échelle de la forêt, 8 hectares de milieux forestiers seront laissés sans intervention sylvicole (îlot de sénescence et libre évolution).
Géologie, géomorphologie, pédologie
La forêt est située sur deux régions IFN bien distinctes, les profils pédologiques des deux zones sont donc bien différents.
Pour les stations dites sur Warndt au Nord de la forêt (parcelles 1 à 10), on retrouve des couches géologiques sédimentaires gréseuses,
La parcelle 5 est quant à elle sur des alluvions récentes de la Sarre.
La parcelle 4 a été dédiée par le passé à des extractions de sable, les sols actuels sont donc perturbés et non naturels (remise en état grossière, dépôts d’extraction divers).
Pour les stations appartenant au Plateau Lorrain, le canton du Brandenbusch à l’Ouest repose sur des terrains sédimentaires calcaires. On note la présence de dépôts limoneux au centre, bordés par des affleurements du Muschelkalk (couche calcaire).
Pour le canton forestier au Sud, une grande partie sur pente faible est concernée par des dépôts limoneux, le reste des surfaces est également caractérisé par des affleurements du Muschelkalk.
A l’échelle de la forêt, les déficits hydriques induits par ces phénomènes ont augmenté de 75% sur les années 2015-2019 comparativement à la référence 1961-1980 (NB : la projection du climat en 2050 s’approche en moyenne des observations de chaleur et sécheresse 2015-2019). En revanche, les aléas (événements extrêmes) ne sont pas prévisibles et pas référencés historiquement (ni en fréquence ni en intensité). Leurs effets se cumulent aux évolutions décrites de façon variable selon les essences.
Le réchauffement climatique
En Lorraine, comme sur l’ensemble du territoire métropolitain, le changement climatique se traduit principalement par une hausse des températures, marquée particulièrement depuis le début des années 1980. Sur la période 1959-2009, on observe une augmentation des températures annuelles d’environ 0,3°C par décennie pour les minimales et les maximales.
À l’échelle saisonnière, l’été se réchauffe davantage, avec actuellement des hausses de 0,3°C à 0,4°C par décennie pour les températures minimales (au total 1,5°C à 2°C) et d'environ 0,5°C pour les maximales. En automne, la tendance est également en hausse mais avec des valeurs moins élevées, de l’ordre de 0,2°C par décennie.
En lien avec cette augmentation des températures, le nombre de journées chaudes (températures maximales supérieures ou égales à 25°C) augmente et le nombre de jours de gel diminue. L’augmentation des températures se traduit par une évaporation et une transpiration de la végétation plus forte. En l’absence de compensation par des pluies plus importantes en période de végétation, les sécheresses s’accroissent, accentuées en zone de relief par la diminution des périodes d’enneigement, permettant moins efficacement la reconstitution des stocks d’eau.
Ces changements ont des impacts sur les sols, conduisant à des sécheresses plus fréquentes et plus intenses.
Perspectives d’évolution du climat
Les tendances des évolutions du climat attendues en Lorraine pour le XXIe siècle sont caractérisées par :
Une poursuite du réchauffement des températures, quel que soit le scénario
Selon le scénario sans politique climatique volontaire, le réchauffement pourrait atteindre près de 4°C à l'horizon 2071-2100 par rapport à la période 1976-2005. Les déficits hydriques rencontrés en Alsace seraient alors équivalent à ceux constatés actuellement sous climat méditerranéen.
Peu d’évolution des précipitations annuelles au XXIe siècle mais une variabilité importante dans leur répartition
Une poursuite de la diminution du nombre de jours de gel et de l’augmentation du nombre de journées chaudes, quel que soit le scénario
Un assèchement des sols de plus en plus marqué au cours du XXIe siècle en toute saison.
Les conditions climatiques observées jusqu’à présent restent malgré tout globalement favorables à la croissance des peuplements en place avec toutefois un risque plus important concernant les peuplements de hêtre et de frêne, plus sensibles au manque d’eau en période de végétation.
Vous souhaitez en savoir encore plus ?
Vous pouvez télécharger le pdf du dossier complet de 49 pages du plan standard de la révision de l’aménagement forestier 2021-2024 de la forêt communale du massif du Brandenbusch par l’ONF (Office National des Forêts) en cliquant juste ici pour le télécharger.
Un rhinocéros de Merck découvert sur le site de la Kreutzeck, dans la région du Steinhart
Au cœur de ce massif forestier (Ermerich), se cache un lieu aussi surprenant que précieux : La Kreutzeck.
Dans cette carrière on a découvert en mars 1926, à 10 m sous la surface actuelle, dans une faille de la roche calcaire des parties importantes du squelette d'un rhinocéros de Merck (identifié par le professeur Stehlin, de Büle).
Le Rhinocéros de Merck est le plus grand des rhinocéros : 2.50 mètres au garrot ce qui est la taille d’un éléphant d’Asie actuel. Une espèce éteinte qui vivait dans les forêts denses au Pléistocène moyen à supérieur, de l'Europe de l'Ouest jusqu'à l'Asie de l'Est, avec des fossiles retrouvés du Portugal à la Chine.
Cette espèce est typique des périodes chaudes dans cette zone, elle émigrait vers le sud aux époques où les glaciers avançaient pour être remplacée par des espèces de climats froids comme le rhinocéros laineux. Cet animal appartenait au genre Dicerorhinus, dont ne subsiste plus actuellement que le rhinocéros de Sumatra, en grave danger d'extinction.
Le rhinocéros de Merck habitait dans des écosystèmes boisés où l'eau était abondante, où il se nourrissait de bourgeons et de feuilles. À cet effet, il disposait d'une lèvre en forme de bec rappelant celle du rhinocéros noir africain. Tout comme cet animal, sa spécialisation alimentaire permettait au rhinocéros de Merck de partager son habitat avec un autre rhinocéros, en l'occurrence le rhinocéros des steppes, qui préférait se nourrir d'herbes, comme le fait aujourd'hui en Afrique le rhinocéros blanc.
Cette espèce a été reléguée dans quelques refuges de la Péninsule ibérique il y a quelque 30 000 ans, et elle s'y est éteinte peu après à cause du refroidissement du climat au plus fort de l'époque glaciaire. Il a été chassé à l'occasion par l'homme de Néandertal. Cependant, les interactions entre cette espèce et les humains restent encore peu documentées.
Toujours dans une faille de la roche calcaire de la Kreutzeck, ont été trouvés des restes de bois de pin, pinus silvestris, et d'abies alba (identifiés par le professeur Vischer, de l'Institut botanique de Büle).
Et pour finir, dans un abri du paléolithique ancien, des charbons de bois ; du bois, probablement intentionnellement coupé en forme de planches, et des pommes de pin en parfaite conservation. M. Forrer, alors conservateur du musée archéologique de Strasbourg, appelé sur les lieux, était d'avis qu'il s'agissait là d'un lieu de halte de chasseurs primitifs. M. Sommermatter conserve également un poing préhistorique et un silex bien taillé, qu'il a trouvé dans cette carrière.
L’histoire de la Kreutzeck
En 1862 existait au lieu-dit auf der Kreutzheck un four à chaux appartenant à Nicolas Klein de Spicheren. Il a livré la chaux pour la construction de la tour de l'église. Il fournissait également de la chaux pour la verrerie de Schoeneck. Aujourd’hui four à chaux n'existe plus.
La firme luxembourgeoise ARBED acheta en 1906 les fours à chaux de Bübingen (Sarre). La carrière de Bübingen, qui avait fourni jusque là les pierres calcaires, s'avérait de plus en plus difficile à exploiter. La firme ARBED acheta donc un terrain de 9 hectares sur le ban de Spicheren et de quelques hectares sur le ban d'Alsting-Zinzing en l'année 1910. Elle fit construire un téléphérique de 5 km 1/2 pour transporter les pierres de la carrière de Spicheren à Bübingen.
Ce téléphérique transportait en moyenne par jour 800 à 1000 wagonnets, c'est-à-dire 400 à 500 tonnes de pierres calcaires. Les fours à chaux de Bübingen fournissaient par jour 300 tonnes de chaux en moyenne. (les services techniques se trouvaient à Bübingen). Les habitants de Spicheren et des villages environnants trouvaient dans cette carrière durant plusieurs décades un travail sur place. Le nombre des ouvriers occupés dans la carrière était en moyenne de 120 à 150 hommes. La surveillance de la carrière incombait à partir de 1910 à M. Pierre Müller, de résidence à Spicheren, secondé par M. Karman, d'Alsting. En 1924, M. Jules Sommermatter prit la direction de la carrière en mains. Il essaya pendant deux ans l'extraction souterraine des pierres. Les galeries avaient atteint 70 m de profondeur, lorsqu'on dut cesser ce mode d'extraction parce que le plafond des galeries était de trop peu de consistance. La carrière fut exploitée jusqu'en 1944, avec une interruption d'un an (1939/40). Depuis 1944, l'exploitation de la carrière a cessé.
Sur les remblais de décharge, la firme ARBED a fait planter près de 400 000 pieds d'acacias et de sapins, le reste du terrain est resté en friche.
Source : CPN
Mais l’histoire de La Kreutzeck ne s’arrête pas là.
Menacée par un projet de golf, cette ancienne carrière a été sauvée grâce à la mobilisation des habitants du village de Spicheren, et plus particulièrement de l’association CPN "Les Faucons" de Spicheren, engagement a permis de préserver un écosystème d’une richesse exceptionnelle, reconnu comme réserve naturelle volontaire.
Ce joyau de biodiversité abrite notamment une grande variété d’orchidées sauvages, indicateurs d’un sol pur et d’un équilibre écologique remarquable. Un patrimoine naturel fragile, protégé aujourd’hui comme un héritage commun.