Quelle est l'origine du Wìnderkéhl (chou vert frisé) ?

Quelle est l'origine du chou Kéhl, c’est à dire chou vert frisé non pommé ? Le Wìnderkéhl (ou Kruwwelkéhl) dont on semble redécouvrir les vertus, sous l'impulsion de vedettes américaines vantant les mérites de ces choux dans le cadre d'une alimentation végétarienne, était cultivé de tout temps dans tous les potagers du Steinhart.

Une tradition culinaire du Steinhart, connue depuis longtemps

Sa consommation dans l'alimentation humaine avait été progressivement abandonnée dans certains pays et ne servait plus guère qu'en tant que plantes fourragères. Il revient en force dans nos assiettes sans jamais avoir été abandonné dans le Steinhart où il était connu depuis longtemps (il ne l'était pas encore dans le reste de la France).

Et s'il fallait s'en convaincre un peu plus, il faut interviewer les derniers véritables jardiniers d'après guerre encore capables de narrer leur tradition de Pâques où le Grìendùnnerschdaa avait plusieurs sens dont celui, culinaire, consistant à cuisiner le Wìnderkéhl qui commençait à schìese (monter en graine) ainsi que d'autres légumes verts ayant résisté à l'hiver !

Mais en réalité Grìendùnnerschdaa n'a rien à voir avec la couleur verte (Grün en allemand) et vient de greinen signifiant souffrance (pleurer, être affligé) et pouvant alors symboliser le dernier repas du Christ avec ses apôtres.

L'ironie du terme "frisé" et ses connotations historiques

Quant au sobriquet "frisés" dont on a affublé péjorativement les Allemands surtout durant la guerre ne semble pas à mettre en lien avec la culture très répandue de ce chou chez nos voisins. En 1941, apparaissent l'altération “frisé” et une variante plus rare “frison”. Or ce terme montre un double effet de brouillage :
— le nom des Frisons est celui d'une ancienne tribu germanique et d'un peuple situé entre Hollande et Saxe, il s'agit d'une remotivation des anciennes dénominations comme Ostrogoth ou Wisigoth ;
— le mot frisé était employé dès 1836 pour désigner les juifs le plus souvent d'origine allemande, mais aussi en les réduisant à leur chevelure. On aurait donc en fait une sorte de retournement ironique en désignant les nazis ou les soldats allemands comme des juifs.

Le saviez-vous ?

Aux environs des zones où le chou Kéhl a disparu des jardins, on constate également une forte diminution du nombre de personnes qui parlent encore notre Platt. La culture de cette plante locale et l’usage de notre dialecte semblent étroitement liés.

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La recette du Wìnderkéhl (chou vert frisé)

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